Stéphane Dumas — EPITHELIA

Théorie

 

 

« Qu’une profondeur s’égale à sa surface, s’épuise et s’exalte en elle, voilà sans doute ce qui fait la peau détachée du corps, ou bien le corps retourné en sa peau, corps de désir et corps de jouir dont votre travail repère l’insistance comme un motif majeur de ce qui hante le souci contemporain de ce que peut vouloir dire l’"art" »

 

 Jean-Luc Nancy

 

 

En tant que théoricien de l’art, Stéphane Dumas a publié un certain nombre de textes sur l’incorporation en art. Il écrit sur l'art à partir de l'art, d'une pratique artistique. Parfois périlleuse, cette posture exige de s'immerger dans le concret de l'œuvre analysée pour y plonger le dispositif théorique en cours d'élaboration. Cela fait de l'écriture autre chose qu'un simple outil d'interprétation. Par cette immersion, l'écriture devient participatrice autant que distanciatrice.

 

L’une de ses préoccupations majeures est la peau comme possible support de modélisation pour la création artistique. La peau est l’interface entre le dedans et le dehors, entre le Monde et le Soi. C’est un terrain de jeu privilégié pour l’amant ou le thérapeute. Enveloppe d’échanges gazeux, liquides, fibreux et nerveux, véhiculant l’émotion, la peau est innervée de capteurs d’une incroyable précision. La peau est un cerveau périphérique, un cerveau-monde !

 

Dans sa recherche sur ce qu’il nomme les « peaux créatrices », Stéphane Dumas part des processus physiologiques ayant lieu à travers l’épaisseur cutanée : transpiration, perspiration, etc. Il explore un modèle sécrétoire de la création artistique et de l’activité cognitive.

Sa réflexion s’est notamment développée à partir de l’étude extensive du mythe grec de Marsyas. Il a trouvé dans ce récit un modèle de « peau créatrice » qui, comme tous les mythes, franchit le temps à travers les époques. Ce modèle lui a permis de développer une méthode de confrontation de certaines pratiques artistique par-delà les clivages chronologiques de l’histoire de l’art.

 

Théorie/Article

— Les peaux créatrices, esthétique de la sécrétion, 2014.

 

Ce livre a comme sujet la peau et les arts visuels :

la peau comme processus créateur et la création comme sécrétion. Il prend pour modèle de « peau créatrice » le tégument dépiauté du satyre Marsyas dont il suit les traces depuis la mythologie grecque jusqu’à l’art contemporain, tissant un dialogue étroit entre les œuvres, les démarches artistiques qui les produisent, les expériences esthétiques qu’elles suscitent et la théorie qui essaye de les penser.

 

Klinksieck, Paris, 2014, Coll. Esthétique.

Stéphane Dumas © 2020

— « Le mythe de Marsyas, un paradigme pictural », 2006.

 

Apollon écorche Marsyas.

 

À travers notre peau, il en va de notre rapport au monde et à nous-mêmes. Plus encore qu’une mise à nu, l’écorchement est une mise à vif. La victime est totalement dépossédée de son enveloppe corporelle. Ce dévoilement radical entraîne la mort. L’écorché ruisselle et se vide de son sang. L’agon musical tourne au supplice radical, à l’annihilation du vaincu par mise à vif de l’intérieur de son organisme...

 

Cet article a été publié en allemand sous le titre “Der Mythos des Marsyas. Ein Bild-Paradigma”, dans Häutung. Lesarten des Marsyas-Mythos, ss. la dir. de Ursula Renner et Manfred Schneider, 2006, Munich, Wilhelm Fink, p. 263-289. Il a été également publié en anglais sous le titre « The return of Marsyas:  Creative skin », dans SK-Interfaces, ss. la dir. de Jens Hauser, 2008, Liverpool, Liverpool University Press-FACT, p. 18-31.

— Les peaux créatrices, esthétique de la sécrétion, 2014.

 

Ce livre a comme sujet la peau et les arts visuels :

la peau comme processus créateur et la création comme sécrétion. Il prend pour modèle de « peau créatrice » le tégument dépiauté du satyre Marsyas dont il suit les traces depuis la mythologie grecque jusqu’à l’art contemporain, tissant un dialogue étroit entre les œuvres, les démarches artistiques qui les produisent, les expériences esthétiques qu’elles suscitent et la théorie qui essaye de les penser.

 

Klinksieck, Paris, 2014, Coll. Esthétique.